Au départ, Elodie est une amie d’amie. J’ai tout de suite apprécié sa douceur et sa droiture et j’avais adoré le premier cours de Yoga Vinyasa qu’elle nous avait donné, lors d’une session de « Hollywork » avec d’autres freelance. Je me suis donc inscrite chez Casa Yoga pour pouvoir suivre ses cours en complément de ma pratique quotidienne, chez moi. Le parcours de cette prof de yoga est intéressant et j’aime beaucoup sa vision du Yoga. Comme nous nous sommes retrouvées en Corse, c’était une occasion en or pour faire un portrait d’elle.
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Depuis quand es-tu prof de yoga ?
Ca fait un peu plus de 2 ans que j’ai commencé à enseigner. J’ai d’abord organisé des dîners Yoga avec des amis, puis j’ai eu l’occasion de proposer des séances en association et les choses ont suivi leur chemin à partir de là avec des cours en studios et en entreprises.
Que faisais-tu avant ?
Je m’intéresse aux cultures asiatiques depuis longtemps et j’avais donc choisi des cursus de langues (chinois et japonais) avant de poursuivre avec le commerce international. Quand j’ai décidé de devenir prof de Yoga je m’occupais de développement commercial dans l’import export avec la Chine.
Comment es-tu devenue professeure ?
Quand j’ai commencé à pratiquer régulièrement et que j’ai senti à quel point ça me faisait du bien, j’ai décidé de suivre une formation pour approfondir ma pratique. Au départ c’était surtout pour moi, mais j’avais déjà en tête le fait qu’un jour je pourrais en faire mon métier.
C’est pendant la formation de yoga que je suis arrivée à la conclusion que, si je pouvais faire du Yoga tous les jours et partager cette expérience avec d’autres personnes, je pourrais me lever tous les matins en étant vraiment en accord avec moi même.
Quelle est ta formation ?
Je me suis formée dans le sud de l’Inde, avec Samyak Yoga. C’est une de mes collègues qui avait trouvé leur site plutôt prometteur et qui m’en avait parlé. Honnêtement je ne savais pas trop à quoi m’attendre en arrivant là-bas, je me souviens que le premier jour j’étais pas mal tendue… et finalement cela s’est avéré être une expérience fantastique. Les profs étaient géniaux, très complémentaires et les personnes qui suivaient la formation avec moi étaient pour certaines vraiment inspirantes. Ca a été transformateur au niveau de ma pratique du Yoga bien-sûr, mais j’ai aussi appris beaucoup de choses sur moi-même.
Combien de temps a duré ta formation ?
La formation de base est de 200 heures. Comme je voulais me former en Inde, j’ai opté pour la version intensive qui se fait sur un mois au lieu de l’étaler sur plusieurs années. Clairement, ça fait de grosses journées, on démarre à 6h30 et on finit autour de 18h30 avec une longue pause en milieu de journée (quand il fait de toute façon trop chaud pour faire autre chose que respirer).
J’avais un peu peur de ne pas tenir le rythme ou de me blesser mais l’énergie de groupe, plus la guidance des professeurs et l’attention que j’avais appris à développer envers moi-même m’ont permis de finir la formation en pleine forme, j’aurais pu enchaîner directement pour un mois supplémentaire!
Comment est venu ton désir de devenir prof de yoga ? Tu pratiquais déjà avant ?
Oui, et c’est justement en voyant l’effet que ça avait sur moi que j’ai eu envie de participer à la diffusion de cette pratique. A l’époque où je m’y suis mise sérieusement il y avait certaines choses dans ma vie professionnelle qui ne me correspondaient pas, mais je n’en avais pas vraiment conscience. Avec l’usage du souffle et l’attention portée au corps et à l’esprit que l’on trouve dans le Yoga, j’ai pu comprendre pas mal de choses sur moi et sur ce qui me convenait.
Et puis aider les gens à se sentir le mieux possible avec eux-mêmes me convenait beaucoup mieux que de participer au développement du chiffre d’affaires d’une entreprise.
Mon envie d’enseigner est venue en plusieurs étapes ; mais je me souviens de m’être dit un matin dans le métro en pleine heure de pointe : « toutes ces personnes aux visages tristes ou abattus… elles-aussi une séance de Yoga leur ferait du bien ». Et petit à petit l’idée a fait son chemin. J’ai toujours eu tendance à vouloir partager mes trouvailles, donc j’avais déjà parlé des effets du Yoga à mon entourage, mais à un moment donné j’ai eu envie de toucher un cercle plus large.
Quel est ton premier souvenir de yoga ?
Je me souviens de ma toute première séance de Yoga, j’y avais été un peu à reculons pour accompagner une amie. A l’époque je pratiquais le Kung fu de façon intensive et pour moi le Yoga avait une image trop soft. Mais arrivée en fin de séance j’ai senti que beaucoup de choses avaient bougées malgré une approche effectivement très douce et c’est ça qui m’a donné envie d’aller voir jusqu’où ces changements pouvaient aller.
Pratiques-tu tous les jours ?
Oui j’essaie d’avoir au moins une mini pratique tous les jours. J’aime bien commencer ma journée avec au moins quelques minutes de méditation et une douzaine de salutations au soleil. Si le temps et mon énergie le permettent, je peux faire une séance plus complète d’1h ou 1h30, mais je laisse toujours au moins un jour de repos à mon corps dans la semaine : comme pour tout le reste j’essaie d’éviter les excès.
Y-a-t-il des aptitudes particulières à avoir pour progresser en yoga ?
Oui, mais pas celles que l’on croit ! Souvent, quand je demande aux personnes qui viennent à mes cours pour la première fois s’il y a quelque chose à signaler (blessure, douleurs), on me répond souvent : « je ne suis pas souple », « je n’ai pas un bonne condition physique » ou « je n’ai aucun équilibre ». La bonne nouvelle est que tous ces éléments ne sont pas des prérequis, mais plutôt des conséquences de la pratique du Yoga. En revanche, pour progresser on a besoin de s’armer de persévérance et de bienveillance. Pour sentir une vraie évolution il faut pratiquer de façon régulière (idéalement au moins une fois par semaine), sinon on finit par stagner et abandonner à cause de la perte de motivation.
Si on garde une approche bienveillante vis-à-vis de soi et de son corps, on apprend à s’arrêter avant d’aller trop loin et de risquer une blessure.
Mais c’est valable pour toutes les activités : si vous voulez vous mettre à la guitare, il vaut mieux pratiquer 20 minutes tous les jours que 2h tous les 15 jours. Il faut aussi éviter l’excès inverse et c’est là que l’on a besoin d’être bienveillant. On est souvent tenté de faire un peu plus, d’aller un peu plus loin et c’est bien naturel.
Quel est ton « style » de yoga préféré ?
Les styles de Yoga que je pratique le plus sont le Hatha et le Vinyasa. Le Hatha est un peu le « Yoga racine » où toutes les postures trouvent leur origine. J’aime le fait que l’on prenne son temps pour s’installer dans chaque posture. Et comme on les maintient pendant plusieurs respirations ça permet de ressentir ce qui se passe dans le corps et d’observer l’impact du souffle sur les sensations.
Le Vinyasa est une pratique plus dynamique puisque l’on suit le rythme de la respiration avec un mouvement à l’inspire et un autre à l’expire. C’est une pratique plus exigeante physiquement, mais ça n’est pas du fitness pour autant. Le fait de caler son rythme sur son souffle permet de trouver beaucoup de fluidité et de ressentir les postures différemment. Dans ces deux pratiques il est important d’être dans le moment présent, attentif à son corps et aux sensations pour éviter le passage en « pilotage automatique ». Pour moi il est essentiel de prendre conscience du fait que le corps est un allié et pas juste un outil que l’on peut plier à sa volonté.
Le yoga est en train de devenir très à la mode. Certains s’improvisent prof, on voit beaucoup de vidéos postées sur les réseaux sociaux réalisées par des non pro. Quel est ton rapport avec tout ça ?
Le Yoga signifie entre autres choses « union », donc pour moi cela implique une idée de partage. Si des non pros veulent diffuser leur pratique sur Internet, ça ne me choque donc pas et si ça permet de faire connaître le Yoga à plus de personnes ; c’est même plutôt une bonne chose. En revanche, ça devient problématique quand des vidéos de cours proposent des postures et des indications qui peuvent être dangereuses ou qui ne respectent pas les limites physiques. Tout ça est assez subjectif bien-sûr, mais quand on poste une vidéo accessible à tous, il faut je pense tenir compte du fait que chaque corps est différent. Si les informations données ne permettent pas de se protéger pendant sa pratique, on risque de se faire plus de mal que de bien au nom de la performance et là on sort du cadre du Yoga.
Pour terminer sur une note positive, quel sera ton mantra aujourd’hui ?
Je dis souvent à mes élèves d’écouter leur corps, c’est le meilleur des conseillers. Et j’aime beaucoup ce mantra :
« Soyez le changement que vous souhaitez voir dans le monde. »
– Gandhi
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Elodie Prou donne des cours particuliers et en groupe, à domicile, en entreprise ou en studio. Elle enseigne également le yoga prénatal aux futures mamans. Toutes les informations pour prendre des cours avec elle sont disponibles sur son site en cliquant ici.
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Super! Je pense de plus en plus a devenir prof aussi. Des conseils pour trouver une bonne formation? Merci ! :)
Bonjour!
Pour choisir ta formation il y a plusieurs critères à prendre en compte tels que le lieu (France, Inde ou associé à un voyage de loisir en Thaïlande, à Bali…), la durée (un mois en intensif ou étalé sur plusieurs années à raison d’un week-end toutes les X semaines) et bien-sûr le « style » de Yoga dans lequel tu souhaites te former!
Une fois que tu as une idée assez précise de ce que tu recherches tu peux faire appel à l’expérience de ceux qui ont déjà testé. Tu peux demander autour de toi ou poser la question sur des groupes de discussion liés au Yoga sur les réseaux sociaux, ça marche généralement bien.
Lorsque tu as identifié 2 ou 3 centres prometteurs tu peux les contacter par mail pour avoir un premier contact et à partir de là c’est beaucoup une histoire de feeling! :)
Oh ! Mais casa yoga est juste en bas de mon bureau, c’est là que je voulais faire des cours d’essai en septembre ! Ça me conforte encore plus :)
Bonjour Elodie, merci pour le partage de ton expérience et ton parcours pour enseigner le yoga. Peux tu me préciser si ta formation en Inde se déroulait tout en anglais ?
Merci beaucoup, dommage que je sois domiciliée si loin, j’aurai bien aimé continuer le yoga avec toi
Bonjour Chabriol, oui la formation de Samyak Yoga était en anglais, mais il y avait une professeure française dans l’équipe qui nous encadrait et qui faisait traductrice si nécessaire, la barrière de la langue n’était donc pas vraiment un problème pour les francophones! ;)
Très sympa cette inteerview, merci pour le partage :)