On ne dirait pas, mais sur cette photo, je travaille.
Comme je l’expliquais dans mon « bilan 2017« , je me suis posée sérieusement la question l’année passée de la possibilité de ne plus être freelance. Depuis cinq ans, je suis à mon compte, et comme pour n’importe qui, il y a des hauts et des bas. Être freelance aujourd’hui est facile (il suffit de quelques clics pour créer sa micro-entreprise), mais le rester – et vivre de son activité – n’est vraiment pas si évident. On lit énormément de retours d’expériences très positifs, parfois un peu naïfs (et j’ai été de ceux là)… C’est aussi un statut très à la mode, mais je ne le recommande vraiment pas à tout le monde, et il est important d’être lucide sur les réalités de nos métiers.
J’ai donc essayé de lister de la manière la plus honnête et objective possible les « pour » et « contre » à la vie de freelance, par grandes thématiques. J’espère qu’ils vous aideront à voir plus clair si l’aventure vous titille !
AVANTAGES | INCONVÉNIENTS | |
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Clients et démarchage | On choisit ses clients, surtout quand ça marche bien. C’est un grand luxe et c’est génial de travailler pour les projets qu’on aime. Et si on se rend compte en cours de route qu’un projet ne nous plaît pas, que la relation avec un client se détériore, on est tout à fait libre de mettre fin à la collaboration. En tant que travailleur indépendant, on est son propre commercial. C’est quelque chose que je ne savais pas du tout faire, j’ai appris en cours de route, en me trompant forcément de temps en temps, et ça m’a beaucoup fait progresser, ça a même changé mon caractère, je me laisse beaucoup moins marcher sur les pieds maintenant ! | On choisit ses clients, quand ça va bien. Parfois, on ne peut malheureusement pas faire la fine bouche. Attention d’ailleurs à refuser les propositions de salariat déguisé, travailler à temps plein pour un seul client, c’est très très risqué (et vous n’incitez pas votre « patron / client » à vous respecter) ! D’autre part, pendant qu’on travaille à l’opérationnel, on doit aussi être un commercial, répondre aux propositions, les deviser, relancer les prospects, rencontrer des potentiels clients… C’est la partie que je déteste le plus, je n’ai pas ça dans l’âme. C’est très difficile de vendre son propre travail, et de devoir tout gérer. |
Gestion du temps | On travaille quand on veut. Il y a une obligation de résultats et des dates de rendu imposées, mais on s’organise comme on veut. Si on a l’habitude de tout faire au dernier moment, c’est possible de se la couler douce (ou de travailler sur d’autres projets) et de mettre un coup de boost juste avant. On peut travailler la nuit si on est plus productif à ce moment. Ou travailler très efficacement le matin pour aller surfer l’après-midi sans que personne n’ai quelque chose à redire. On ne doit de compte à personne… Pendant les derniers mois que j’ai passé dans la peau d’une salariée, c’est ce qui m’a le plus manquée. | On travaille quand on veut, théoriquement. Ça dépend de votre travail, mais souvent, en freelance, on travaille pour des clients qui eux, ont des horaires de « bureaux ». S’ils demandent un suivi régulier, il se peut qu’il faille vous rendre disponible pour eux, quand eux le sont (dans les agences, souvent, en toute fin de journée ou en milieu de matinée). Il faut donc trouver des compromis, et savoir faire preuve de souplesse, tout en ne se laissant pas trop marcher sur les pieds non plus. C’est un vrai équilibre à trouver. |
Vacances | Pour la première fois cette année, je suis partie en vacances trois semaines, sans travailler du tout. Mais le reste de l’année, je passe beaucoup de temps en dehors de mon bureau, en voyage à l’étranger ou en France. Je travaille autrement, c’est très inspirant et motivant. Un patron – même très compréhensif – aurait peut-être un peu de mal avec ça, j’apprécie énormément cette liberté, je ne pourrais absolument pas m’en passer. C’est viscéral, j’en ai besoin pour me sentir bien dans ma vie. | Même si mes proches ont l’impression que je suis toujours en vacances parce que je pars beaucoup, je ne prends rarement plus de trois vraies semaines de vacances par an, généralement deux. Le reste du temps, je dois travailler car j’ai besoin de beaucoup de contrats pour vivre, quand je suis en vacances, je ne suis pas payée. Ah oui, et je ne pars non plus quand je veux, je m’offre des vacances quand mes clients le sont aussi, ou quand il y a le moins de travail, donc pendant les vacances scolaires en Août ou à Noël. Cela dit, c’est vraiment super important de couper et de ne plus se préoccuper du tout de son travail si on veut pouvoir durer. |
Statuts | EURL, SAS, profession libérale, artiste, micro-entreprise… Il y a plein de statuts très différents qui permettent de s’adapter à sa situation et à son projet. C’est parfois un peu compliqué de s’y retrouver mais on a le choix. Ce choix est une chance, au niveau de la protection sociale également. On peut choisir la mutuelle qu’on veut, l’assurance qu’on veut… Certes notre statut est plus précaire mais on a la chance de tout gérer et d’être totalement responsable de notre protection. | C’est un peu compliqué de s’y retrouver et on a vite besoin d’aide de la part de professionnels compétents, qui coûtent cher. De manière générale, il y a quand même pas de frais fixes quand on est à son compte, il faut bien les avoir en tête (surtout que les banques, les assurances, profitent bien du fait que vous ayez un compte « professionnel » pour appliquer des tarifs bien plus élevés). Ah oui et notre bête noire à nous les freelance : les agents immobiliers (c’est un enfer pour trouver un appart !). |
Espace de travail | Là encore, un large choix s’offre à vous ! Si vous travaillez de chez vous, vous pouvez organiser et décorer votre bureau comme bon vous semble, pour qu’il soit pratique et inspirant. Si vous aimez travailler entourés d’autres personnes, il y a de nombreux espaces de coworking disponibles pour tous les budgets. Vous pouvez même travailler chez vos clients, certains apprécient beaucoup. Vous pouvez aussi faire tout ça dans la même semaine ! | Honnêtement, je me suis creusée pour y trouver à redire. Le seul point négatif, si vous travaillez de chez vous, c’est de faire la coupure entre vie professionnelle et perso, et que votre bureau empiète sur le reste de la maison. La solitude peut être parfois difficile à gérer mais il existe plein de solutions pour y remédier. |
Concurrence | Comme je le disais au début, le statut de freelance envoie du rêve à pas mal de monde, en mal de liberté, ou malheureux de leur job. Nous sommes donc très nombreux à nous être lancés, et dans mon milieu (la communication et la création de contenu), le secteur est particulièrement dense en terme de concurrence. Au départ, elle me paralysait un peu, maintenant, je m’y suis faite et je trace ma route. Avec l’expérience, j’ai appris à connaître mes qualités et mes défauts, à fixer correctement mes prix, en tentant de faire respecter la valeur de mon travail. Je pourrais arguer que la concurrence est bénéfique car elle nous challenge ; de mon côté, je m’en passerai bien car je n’ai pas du tout l’esprit de compétition ! | Aujourd’hui, n’importe qui en possession d’un appareil photo Reflex peut se dire photographe, n’importe qui avec un logiciel d’édition peut se prétendre graphiste, n’importe qui avec un compte Instagram peut se revendiquer Community Manager… je m’arrête là, vous avez compris l’idée. Vous allez vous retrouver dans une genre de fosse aux lions géantes, où tout le monde sait faire ce que vous faites parfois mieux, souvent moins bien ! Avec une offre aussi grande sur le marché, c’est la bataille des prix et c’est vraiment très difficile de justifier ses tarifs, de les défendre et de les faire respecter. Personnellement, c’est ce qui me sape le plus le moral. J’ai toujours le dilemme de baisser ou non un devis que j’estimais pourtant juste, je sais que mon client trouvera toujours quelqu’un pour faire le boulot, moins cher. C’est vraiment la loi de la jungle, préparez à devoir mener un combat souvent injuste, à armes inégales (l’intégrité et la légitimité). |
Comme vous le constatez, il y a toujours un revers de la médaille à l’aspect positif du freelance. Tout est une question d’équilibre et en fonction de la personnalité de chacun, la balance peut peser plus lourd d’un côté ou de l’autre. Pour certains le stress engendré par la « précarité » du statut sera beaucoup trop insoutenable ; alors que je suis assez cool de ce côté, ça ne me pose pas de problème de ne pas savoir de quoi demain sera fait (c’est parce que je suis assez raisonnable je crois) !
Je pense aussi que tout est une question de choix. Je préfère gagner moins d’argent mais travailler sur des projets qui me plaisent. Je préfère gagner moins d’argent mais pouvoir aller surfer quand je veux, quitter mon bureau à 18h pour aller faire de l’escalade. Peut-être qu’un jour je pourrai avoir tout ça en même temps, mais ce n’est pas ce qui m’anime…
Enfin, je crois que c’est pas mal d’avoir travaillé en tant que salarié avant de se mettre à son compte. Certains ont l’entrepreneuriat dans le sang bien sûr, mais si ce n’est pas votre cas, c’est bien de se confronter un peu à la vie en entreprise, aux contraintes…
Je m’arrête là pour cette fois mais si vous avez des questions ou des réactions, n’hésitez pas à les poser en commentaires. Ce sujet me passionne, et le monde du travail est en train de vraiment changer, il y a plein de choses à inventer, à proposer !
[red_box] Même s’il commence à dater un peu, vous pouvez également relire mon article sur la création de mon entreprise et mon parcours. [/red_box]
merci pour cet article. je suis freelance depuis 6 ans et comme toi j’apprécie la liberté que ça offre, même si évidemment on a peu de visibilité sur la suite. et perso, j’ai toujours du mal à me vendre et à m’affirmer face à certains clients. en tout cas, quand il y a moins de boulot, je passe plus de temps sur le blog :)
Ton article est extrêmement intéressant et enrichissant.
C’est vrai que l’on entend tant d’histoires et de contes de fées sur les freelance que cela donne envie et que l’on oublie qu’il peut aussi y avoir des points négatifs. Et en même temps, tant qu’on ne les vit pas on ne peut pas vraiment s’imaginer ce qu’ils sont et on se focalise sur toutes ces success stories qui nous font rêver.
Je ne dis pas pour autant que cela m’empêchera de me lancer dans ce secteur, cependant j’ai une vision plus globale et objective grâce à toi, merci !
Bisous,
Pêche
intéressant!
Il y a des avantages et inconvénients dans tous les métiers, l’important est plutôt de choisir celui où les inconvénients nous gêne le moins sont le plus supportable !
Merci pour cet article sans concession ! Je suis free depuis bientôt un an et… c’est difficile. Évidemment, les avantages sont nombreux, mais non, être à son compte n’est pas rose tous les jours ! Si j’étais loin de m’imaginer que ça allait être aussi compliqué à gérer, je suis tout de même ravie de m’être lancée – même si je suis en train de chercher à retourner en agence, maintenant !
Ah oui, tellement vrai pour les vacances ! Dès que je pars, tout le monde me dit « encooore ? », sauf que dans deux mois, ce sera les premières vraies vacances que je prendrai depuis 1 an et demi. Pour ça, je suis obligée du budgeter mon voyage, mais aussi le coût d’un autre freelance à qui je vais sous-traiter mes clients pendant 3 semaines.
c’est exactement ça ! j’aime beaucoup te lire toujours de précieux conseils lou
Très intéressant cet article, moins « rose » que beaucoup que j’ai pu lire sur le sujet depuis longtemps mais aussi sûrement plus lucide.
Hé hé l’expérience qui parle… :-D
Merci beaucoup en tout cas.
merci pour ton article
Très juste tout ça, je te rejoins sur quasiment tout, si çe n’est que je ne suis toujours pas sereine vis à vis des périodes de creux… Peut-être que ça viendra avec le temps, peut-être que pour ma tranquillité d’esprit je retournerai voir du côté du salariat ( non en fait cette pensée me glace)
Je t’avoue que moi non plus ça ne me rend jamais sereine, mais c’est peut-être ce qui est salutaire : ça nous oblige à chercher du taf pendant ces moments là…
Il est top ce billet, cela montre bien que ce n’est ni tout génial, ni tout nul. Je pense que cela plaît aux gens de voir le fait d’être freelance comme était super glamour et promesse de liberté, mais c’est dangereux aussi pour des gens qui se lancent et qui vont soit se faire avoir, soit perdre beaucoup d’argent car ils seront pas vraiment rentables à force de baisser des prix pour avoir des clients, ou accepter n’importe quoi.
Une question de choix, comme tu le dis, il en faut pour tout le monde ! =)
Oui c’est vrai, tout n’est pas aussi rose que l’image que le statut de freelance renvoie. Ce dont tu parles, cette baisse des prix, est catastrophique pour nous !
Merci beaucoup pour cet article! Je n’aime plus le monde de l’entreprise bien que salariée à temps plein dans un domaine qui ne me convient pas non plus je crois.
Les avantages et inconvénients qui sont présents dans cet article correspondent totalement à l’idée que je me fais de travailler en freelance, c’est rassurant de le lire et du coup d’intégrer encore mieux tous les enjeux avant de prendre une décision.
bonne journée :)